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L'hécatombe des oiseaux marins en Bretagne

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Goéland Argenté

La grippe aviaire qui sévit habituellement en automne-hiver s’est intensifiée au printemps 2022 en frappant tout particulièrement les oiseaux de mer et a frappé la Bretagne cet été pour la première fois : une épizootie d’une virulence et d’une mortalité inédite !

  1. La Bretagne particulièrement touchée 

    L’alerte a été lancée par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) sur les ravages provoqués par le virus du H5N1 sur le littoral breton qui décime les populations d’oiseaux marins, particulièrement les goélands argentés et les fous de Bassan. Près de 3 000 cadavres de volatiles ont été ramassés sur les côtes, mais les spécialistes estiment que ce chiffre est bien en-deçà de la réalité, car ils ne sont pas en capacité de dénombrer tous les oiseaux qui meurent. Ce sont les agents bretons de l’Office français de la biodiversité (OFB) qui sont en première ligne. 

    Sternes, mouettes, oies cendrées subissent de plein fouet cette influenza aviaire. Parmi les oiseaux sauvages les plus touchés on compte les goélands argentés, mais pas seulement. Sur l’île Rouzic, qui fait partie de la réserve naturelle des Sept-Îles dans les Côtes-d’Armor, la seule colonie de fous de Bassan en France aurait été presque totalement décimée, avec des cadavres jonchant le sol et des nids pratiquement vidés de leurs oisillons. Les ornithologues ont constaté plus de 80% de poussins morts de faim en raison de l’absence de leurs parents. 

    Une vraie tragédie que les soigneurs de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) de la réserve naturelle ne peuvent endiguer, puisque la maladie est incurable. Et cette épidémie qui s’étend au printemps et à l’été correspond à la période de reproduction chez les oiseaux. Ces derniers vivent alors très proches des uns des autres, en promiscuité et le virus se propage d’un individu à un autre d’autant plus facilement.

    L’inquiétude grandit car sur l’île de Bass Rock en Écosse qui abrite la plus grande colonie de fous de Bassan au monde, ce sont également des milliers d’oiseaux qui ont été décimés. L’épidémie devient mondiale.

  2. Des conséquences dramatiques 

    Le conservateur de la réserve des Sept-Îles livre son inquiétude quant à l’avenir pour la colonie de fous de Bassan : tous les oiseaux reviendront-ils l’année prochaine ? Une seule certitude, la colonie ne sera plus jamais la même. 

    L’ampleur du phénomène est inédite, et il faudra tirer les conséquences de cette tragédie mondiale qui menace des espèces déjà vulnérables et qui touche un patrimoine naturel fragile et inestimable. Cette pandémie illustre l’impact sur la faune sauvage des pratiques d’élevage industriel mondial et l’urgence de revoir nos modes de production alimentaire afin de favoriser les circuits courts et d’encourager les élevages de taille réduite. Désormais la crainte est que l’épizootie se produise durant toutes les saisons. Mais il est encore trop tôt pour le dire.