Flotte électrique : le retour d’expérience de GLASSEO pour aider les patrons à franchir le pas

Passer à l’électrique : une aventure à la montagne russe.
Lorsqu’on parle de transition écologique, beaucoup d’entreprises hésitent encore à franchir le pas de l’électrique. Prix d’achat élevé, autonomie incertaine, infrastructures de recharge… les freins sont connus. Pourtant, certains ont osé se lancer pour tester et apprendre. C’est le cas de Luc Delbreil, fondateur de GLASSEO, qui a accepté de partager son retour d’expérience. Son objectif : inspirer d’autres patrons à ne pas rester bloqués par les idées reçues.
Des débuts compliqués avec l’hybride
La réflexion démarre dès 2018, bien avant que l’offre ne soit réellement mature. À l’époque, explique Luc, il n’y avait aucune solution adaptée à notre métier. Les véhicules étaient souvent des thermiques bricolés en version électrique, avec une autonomie ridicule.
Premier essai en 2019 : un utilitaire hybride rechargeable de chez Ford. Sur le papier, c’était prometteur. Dans les faits, le moteur essence rend l’âme au bout de 100.000 km. Verdict : un véhicule immobilisé, un surcoût de réparation énorme et une vraie déception.L’épisode hydrogène : espoirs et désillusions
En 2023, GLASSEO tente une autre voie avec deux utilitaires à hydrogène signés Peugeot Ils arrivent après un an d’attente. Mais le rêve tourne vite au cauchemar : un camion livré déjà en panne, l’autre qui tombe en rade quelques semaines plus tard. Résultat : autonomie inférieure aux promesses, bornes à hydrogène souvent indisponibles et une fiabilité inexistante.
« Aujourd’hui, je le dis clairement : l’hydrogène n’est pas une solution pour les utilitaires légers. C’est énergivore, peu fiable, et les infrastructures ne suivent pas », tranche Luc.
Le virage électrique enfin réussi
C’est finalement en 2024 que la vraie révolution démarre. Peugeot propose alors son utilitaire Expert, conçu dès le départ pour exister en version thermique ET électrique. Un détail qui change tout : châssis optimisé, batteries bien intégrées, ergonomie préservée.
Les premiers exemplaires sont déployés à Rouen, Lille et Nantes. Après quelques mois d’utilisation, le verdict est clair : autonomie satisfaisante, confort de conduite inédit et techniciens conquis. Plus de bruit, plus de boîte de vitesses, freinage régénératif… « C’est un vrai gain de confort pour les équipes », confirme Luc.
Des chiffres clés pour se repérer
- 2027 : objectif d’une flotte 100 % électrique pour GLASSEO.
- 12 Peugeot Expert + 12 Renault Master déjà commandés.
- Révisions tous les 50.000 km contre beaucoup plus fréquent sur du thermique.
- Coût au kilomètre divisé par 3 à 4 lorsque la recharge se fait en interne.
Les bénéfices au quotidien
Côté environnement, le bilan est sans appel. Grâce à l’électricité issue à 100 % des énergies renouvelables, le bilan carbone par kilomètre chute drastiquement. Même en tenant compte de la fabrication des batteries, l’équation reste très favorable dès lors que le véhicule roule beaucoup.
Sur le plan économique, le prix d’achat reste élevé, mais l’entretien est réduit à sa plus simple expression. « Le moteur électrique est hyper fiable, explique Luc. Le vrai défi, c’est que les véhicules tiennent dans la durée. »
Les erreurs à éviter
Luc ne mâche pas ses mots :
- Ne jamais acheter un véhicule thermique électrifié à la va-vite. Les plateformes rehaussées rendent l’utilitaire inutilisable en pratique.
- Toujours privilégier un modèle pensé dès l’origine pour l’électrique.
- Intégrer les outils numériques. Planificateur de trajets et GPS sont essentiels pour exploiter au mieux un utilitaire électrique.
Et pour les artisans ?
Bonne nouvelle : pour un artisan qui parcourt quelques dizaines de kilomètres par jour, l’électrique est idéal. « Il rentre chez lui, recharge la nuit, et c’est reparti le lendemain. L’investissement est plus lourd au départ, mais la rentabilité et le confort de travail font la différence. »
Un cap clair pour l’avenir
Chez GLASSEO, la trajectoire est tracée : fin 2027, la flotte comptera 100 % de véhicules électriques. La prochaine étape ? L’arrivée des nouveaux Renault Master, conçus comme les Peugeot Expert pour accueillir des batteries intégrées.
Et après 2030 ? Luc anticipe l’arrivée de batteries plus légères et plus performantes, permettant d’augmenter l’autonomie sans alourdir les véhicules.